Les neurosciences, que faut-il entendre par là ?
Si nous remontons un peu dans le temps, il faut savoir que le terme « neurosciences » est apparu dans les années 1960. Les neurosciences connaissent depuis un développement majeur, dû à l’évolution des technologies d’imagerie cérébrale, notamment grâce à l’IRM fonctionnel.
Alors comment peut-on définir les neurosciences aujourd’hui ? Si nous prenons la définition de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière, leur définition est la suivante : « Les neurosciences regroupent toutes les recherches scientifiques sur le système nerveux, c’est-à-dire le cerveau, la moelle épinière et les nerfs. Les différentes échelles d’études sont à l’origine de champs de recherches différents, comme les neurosciences moléculaires, cellulaires, la neurophysiologie ou encore les neurosciences cognitives. »
Les champs d’études des neurosciences sont aujourd’hui très larges, puisqu’ils couvrent plusieurs secteurs d’activités, comme par exemple la médecine, les sciences du comportement, le marketing (appelé aussi neuro-marketing), la pharmacologie, l’informatique, la biologie, la sociologie, la psychologie, la chimie, les mathématiques, le coaching, et le monde de l’éducation et des apprentissages, …
Sur les sciences cognitives en particulier, les neurosciences apportent un éclairage nouveau sur les spécificités et la richesse de l’intelligence humaine, en mettant en lumière l’importance des émotions dans le monde du travail, et les conditions nécessaires au cerveau pour permettre aux collaborateurs de s’épanouir, apprendre et être motivé.
Il faut savoir qu’afin d’éviter toute dérive sur l’utilisation des connaissances des neurosciences, il existe un cadre législatif depuis 2011 au sein des lois de bioéthique qui sont régulièrement mises à jour.
L’extraordinaire capacité du cerveau à mémoriser les connaissances
3 grandes étapes pour la mémorisation :
- L’encodage qui correspond au processus de captation de nouvelles connaissances
- La consolidation qui consiste à l’ancrage de l’information dans la mémoire, par un processus biochimique de création d’un sillon neuronale par la création de synapses entre les neurones
- La récupération de l’information qui consiste à entrainer le cerveau à récupérer les connaissances apprises pour les utiliser au quotidien
Au-delà de ces étapes, il faut savoir qu’il existe des fondamentaux pour ancrer les connaissances durablement dans la mémoire :
- Notamment, le fait que plus il y a répétition et sous des formes différentes, mieux sera ancrer dans la mémoire nos connaissances
- Il faut savoir aussi que lors de l’encodage et de la consolidation, plus l’émotion est forte, plus fortement seront ancrées les connaissances. D’où l’importance d’avoir des émotions positives dans l’apprentissage ! Un exemple négatif comme une agression physique engendrant un choc émotionnel intense, entrainera un souvenir qui reste fortement ancré dans la mémoire.
- Dernier fondamental, il existe une courbe de l’oubli qui montre que le déclin de la mémoire est important s’il n’y a pas de répétitions au-delà de l’acquisition initiale d’une nouvelle connaissance
En formation, tout cela se traduit aussi par une vigilance à avoir sur les émotions positives à insuffler, et sur la répétition des connaissances en post formation initiale.
Une croyance limitante déjouée par les neurosciences
Un neuromythe déjouée par les neurosciences : Notre stock de neurones se reconstitue tout au long de notre vie ! Grâce à un phénomène appelé « Neurogénèse ».
Ce processus est favorisé par certains comportements :
- Plus nous apprenons, plus il y a création de neurones et de connexions synaptique
- Avoir des relations positives avec les autres est utile pour stimuler le cerveau
- Avoir une bonne hygiène de vie est nécessaire pour une bonne santé du cerveau. Il a besoin d’une bonne hydratation, d’une nourriture saine, d’une activité physique à l’image de ce qui est bon pour notre organisme en général
- Avoir une bonne qualité de sommeil est important, car c’est la nuit que le cerveau consolide les informations de la journée et crée des neurones lors des phases de sommeil (sommeil profond/sommeil léger)
En formation, cela se traduit par une recherche des conditions de fonctionnement « optimales »
Il faut savoir que le cerveau a besoin d’environnements positifs, bienveillants et sécurisants pour être efficace
D’abord au travers de facteurs « environnementaux ». Il faut savoir que pour tous ces facteurs, des études ont été faites pour en prouver les impacts sur le fonctionnement du cerveau.
- Un environnement suffisamment lumineux
- Une ambiance sonore calme permettant la concentration (sans oublier la difficile déconnexion électronique des téléphones pour lesquels nous sommes addict)
- Un mobilier adapté (il existe des études par exemple pour montrer la performance au travail entre des fauteuils durs ou moelleux)
- Une température ambiante qui doit se situer entre 19 et 21°c pour un fonctionnement optimal du cerveau
D’autres facteurs existent pour faciliter la mémorisation
- L’intensité émotionnelle et la répétition des messages clés sous des formats différents
- Un autre processus dont raffole le cerveau existe, il s’agit du circuit de la récompense. Toute récompense ou gratification entretient la motivation et l’attention, voire l’addiction, en générant de la dopamine qui, comme vous le savez, est l’hormone du plaisir ! Ce principe de « gamification » est aussi utilisé dans les applications mobiles ou web, pour vous rendre « addict » par l’utilisation de scores et de compétitions entre joueurs dans les jeux, ou aussi, ou en ayant un maximum de « LIKE » dans les posts facebook
- Il est difficile pour le cerveau de maintenir une concentration au-delà de 50 minutes. D’où l’importance des pauses (15-20min) et des micro-pauses (3-5min) dans les formations
Neurosciences et les piliers de l’apprentissage
Il existe 4 grands piliers de l’apprentissage :
- L’attention
- L’engagement actif
- Le retour sur erreur
- La consolidation
Commençons par l’attention. Elle permet au cerveau de ne filtrer dans notre environnement que les informations que nous souhaitons retenir en éliminant tous les bruits ou conversations parasites. C’est pour cela qu’il ne peut y avoir d’apprentissage sans attention.
Maintenir l’attention, c’est aussi stimuler le cerveau par du visuel ou du multi sensoriel.
Le 2eme pilier est l’engagement actif qui facilite l’ancrage des connaissances. D’où l’importance de la pédagogie active où les apprenants sont actifs et vive des expériences qui leurs sont propres. Quelques exemples de pédagogies actives : faire manipuler, mettre en situation, échanger en groupe, faire dessiner, faire résumer une réflexion…
Cela va de soi, mais la pédagogie active est bien sur complémentaire de la pédagogie théorique des connaissances !
Le 3eme pilier de l’apprentissage est « le fameux retour sur erreur » qui correspond à la mise en pratique d’une connaissance apprise. Cela permet au cerveau de vérifier l’adéquation entre ce que j’ai appris et ce que je fais. Cela facilite l’ancrage mémoriel car nous vivons une expérience personnelle qui engendre des émotions par la mise en application de nouvelles connaissances.
En formation, il est important d’avoir un feedback « bienveillant » du formateur et du groupe sur un exercice de mise en situation par exemple.
Il faut savoir qu’en regardant les erreurs des autres lors de mises en situation par exemple, le cerveau apprend également ! Grace à des neurones spécialisés, dits neurones miroirs !
Le dernier pilier est la consolidation qui consiste à ancrer durablement les connaissances dans le cerveau
La consolidation est facilitée d’abord par une bonne qualité de sommeil pour mieux mémoriser les connaissances apprises dans la journée, et sur une répétition post formation et dans la durée des messages clés par des formats courts et variés comme du micro-Learning, des quiz de connaissances, des challenges…
Les conditions pour faciliter la motivation et l’apprentissage
Durant l’animation d’une formation, quelques grands principes à intégrer :
- L’environnement (lumière, ambiance sonore, température, mobilier) et la disposition de la salle sont importants pour mettre dans de bonnes conditions les apprenants
- Il faut savoir capter et maintenir l’attention en variant les rythmes et le type de séquences au sein d’une journée
- La posture du formateur est essentielle pour créer un climat bienveillant et sécurisant, en sachant être facilitateur, régulateur, plein d’énergie et surtout de savoir s’adapter aux apprenants et à leurs réactions
- Pour terminer, il faut veiller à la dynamique de groupe en facilitant l’entraide et l’équité de participation des apprenants.